CAN 2025 : Appel au jeu clair dans la gestion des fonds
Dans la valse des chiffres et des engagements financiers, il est des fois où les montants évoqués semblent danser loin des réalités du terrain, surtout dans le monde du sport, où la passion souvent aveugle la raison. Aujourd’hui, je me penche sur un sujet qui fait vibrer les cordes sensibles de l’économie guinéenne autant que celles du cœur des supporters : la gestion des fonds alloués au Comité d’Organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, une édition que la Guinée n’accueillera finalement pas.
L’information a de quoi faire frémir : 22 milliards de francs guinéens, soit environ 2,3 millions d’euros, ont été prévus pour le fonctionnement d’un comité qui, aujourd’hui, semble naviguer sans cap. Cette somme, dans un pays où chaque franc doit être un investissement vers un avenir meilleur, soulève des interrogations légitimes sur la rationalité de ces allocations budgétaires.
L’organisation de la CAN est, sans doute, un projet de prestige. Elle suscite enthousiasme et espoir, promettant de mettre en lumière le talent de nos joueurs et l’hospitalité de notre nation. Mais quand les projecteurs s’éteignent, que les stades retombent dans un silence pesant, il est impératif de se demander : cet argent, notre argent, est-il bien dépensé ?
Le ministre Lansana Béa Diallo, aux rênes de cette organisation, se doit de fournir des clarifications. En effet, la transparence est la moelle épinière de la confiance entre les citoyens et leurs représentants. Sans elle, la défiance s’installe, et avec elle, le spectre de la désillusion sportive.
La révélation que le président de la transition a autorisé un transfert de crédit de plus de 4 milliards de francs guinéens pour couvrir les dépenses de fonctionnement du Comité, sans suite ni explication après le retrait de l’organisation de la CAN, est un sujet brûlant. Il est de ces nouvelles qui doivent être suivies d’actes et de comptes rendus, sous peine de voir la passion pour le sport se muer en amertume.
Cet éditorial ne se veut pas un coup de sifflet final, mais plutôt un appel à l’action. Il est une invitation ouverte à la discussion, à l’analyse et, espérons-le, à l’amélioration. Car au-delà des chiffres, ce sont les valeurs du sport qui doivent primer : l’équité, l’esprit d’équipe et le respect des règles du jeu.
Les amateurs de football guinéen, et plus largement tous les citoyens, méritent de comprendre où et comment leur argent est dépensé, surtout quand il est question de sommes aussi considérables. Ils méritent des réponses claires et des décisions qui reflètent une gestion responsable et avisée.
L’heure n’est plus aux interrogations en suspens. Il est temps de siffler le coup d’envoi d’une ère de transparence et de responsabilité. Une ère où le football, au-delà de l’émotion qu’il suscite, sera aussi synonyme de gestion éclairée et de développement durable. Car au fond, si le sport est le reflet d’une société, il est temps que ce miroir nous renvoie l’image d’une Guinée forte, juste et tournée vers l’avenir.
— guineetopsports