Rénovation sportive en Guinée : Un budget en débat
Dans l’enceinte vibrante du Conseil National de Transition (CNT) en Guinée, une question cruciale se pose : comment revitaliser les infrastructures sportives du pays, particulièrement touchées par un récent désastre ? Le dimanche dernier, une requête audacieuse du ministre de la Jeunesse et des Sports, Lansana Béa Diallo, a retenu l’attention du pays tout entier, dévoilant l’ampleur des défis auxquels la Guinée doit faire face pour renforcer son patrimoine sportif.
Le cœur du débat ? Un budget colossal de 15 milliards de francs guinéens, sollicité pour la rénovation majeure des locaux de la Fédération guinéenne de football, du siège du Comité d’Organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (COCAN), et des bureaux de l’Office National des Sports et de la Jeunesse (ONJS), tous sévèrement impactés par un incendie dévastateur au dépôt d’hydrocarbures de Kaloum. Cette demande, présentée avec vigueur par le ministre Diallo, révèle non seulement la vulnérabilité des infrastructures sportives nationales, mais aussi l’urgence de leur remise en état pour garantir la continuité du sport en Guinée.
Pourtant, en dépit de l’éloquence et de la passion avec laquelle le ministre a défendu sa cause, la réponse du CNT a été une douche froide. Au lieu de l’approbation escomptée, les Conseillers nationaux ont choisi de mettre le holà sur les dépenses, adoptant une posture de prudence budgétaire. Le résultat ? Une réduction significative du budget alloué au ministère de la Jeunesse et des Sports, passant de 761 milliards 592 millions 633 mille GNF dans la Loi de finances rectificative (LFR) de 2023 à seulement 444 milliards 539 millions 278 mille GNF pour la Loi de finances initiale (LFI) de 2024.
Cette décision, loin d’être anodine, soulève de nombreuses questions sur les priorités du gouvernement en matière de sport et de jeunesse. Pour un pays où le football, en particulier, est plus qu’un simple jeu – c’est une passion, un vecteur d’unité et d’identité nationale –, l’investissement dans les infrastructures sportives n’est pas un luxe, mais une nécessité. Le sport, en Guinée comme ailleurs, est un puissant outil de cohésion sociale, un moyen d’inspirer et de mobiliser la jeunesse.
Mais, au-delà de l’aspect passionnel, il y a la réalité économique et les contraintes budgétaires. La Guinée, comme de nombreux autres pays, doit jongler avec des priorités diverses et des ressources limitées. Dans ce contexte, la décision du CNT peut être vue comme une approche équilibrée, cherchant à allouer les fonds de manière responsable tout en tenant compte des multiples besoins du pays.
Le défi pour le ministère de la Jeunesse et des Sports sera donc double : d’une part, trouver les moyens de rénover et de moderniser les infrastructures sportives avec un budget plus serré, et d’autre part, convaincre les décideurs de l’importance stratégique de ces investissements pour l’avenir du pays. Ce ne sera pas une tâche facile, mais la passion et la détermination du peuple guinéen pour le sport pourraient bien être des atouts majeurs dans cette quête.
Alors que le débat se poursuit, une chose est certaine : le sport en Guinée est à un carrefour. Les décisions prises aujourd’hui façonneront non seulement l’avenir des infrastructures sportives, mais aussi l’avenir du sport lui-même dans le pays. Dans un monde où le sport est synonyme de fierté nationale et d’opportunités pour la jeunesse, la Guinée se trouve face à un choix déterminant : celui de donner ou non la priorité au renouveau de ses installations sportives, témoignant ainsi de son engagement envers ses jeunes et son avenir sportif.
En fin de compte, ce débat au CNT n’est pas seulement une question de chiffres et de budgets. C’est une question de vision, d’ambition et d’identité. Comment la Guinée choisira-t-elle de se positionner sur l’échiquier sportif africain et mondial ? Seul l’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre, les yeux de la nation, et peut-être même du continent, sont rivés sur cette décision capitale.
— guineetopsports